Pour arriver à cela, c’est l’histoire de ma vie…
Depuis mon enfance, un sentiment de déphasage m’a d’abord confronté à une incompréhension. Ma volonté d’être avec tout le monde, d’être admis dans la société m’a poussé à penser, à réfléchir aux différentes manières de faire partie du groupe, du collectif. Malgré mes tentatives et ma volonté d’intégrer ce monde, le décalage subsistait toujours entre lui et moi.
Les voyages que j’ai effectués durant mon jeune âge m’ont permis de rencontrer des êtres qui me ressemblaient, transcendant la couleur, l’ethnie, la religion ou le pays. J’ai compris que l’empathie, la curiosité, la solidarité, la vérité ou encore l’altruisme étaient des vertus de l’humanité, ce qui m’a amené plus tard à chercher des réponses, à entreprendre des investigations.
Après des études d’Ingénieur de Génie Civil (Ponts et Chaussées) durant lesquelles la conception, l’organisation et la prospection ont été les piliers de cette formation, les matériaux et leur caractéristiques, les reliefs et leur prédisposition à recevoir les passerelles ; les pratiques sociales et les cultures locales m’ont sensibilisé à la nécessaire symbiose entre la technologie et les environnements vivants et sociaux.
IHS et rapport à la norme scolaire
J’ai quitté cet univers pour rejoindre l’Éducation nationale. J’ai endossé le rôle d’accompagnateur des futurs citoyens en tant qu’enseignant, formateur à l’IUFM ou chargé d’inspection pendant une vingtaine d’années.
Ces années étaient particulièrement dédiées à l’observation de la norme scolaire à la conduite des recherches et des expérimentations. J’ai pu ainsi constater que l’échec de dizaines d’enfants par année est dû à leur incompatibilité avec cette norme scolaire et non à leur déficience ou manque de volonté de leur part. En effet, certains attendus et implicites inhérents aux pratiques enseignantes n’étaient pas partagés.
Conscient de l’impact de la norme disciplinaire sur l’attitude des apprenants et en se focalisant sur les expériences scolaires, j’ai pu ainsi déceler la dissonance entre ce qui est supposé être partagé et ce qui est réellement ressenti. Des valeurs fortes telles que le partage, la solidarité, l’empathie étaient des freins à la réussite scolaire. De plus, certaines dispositions ou intelligences (Gardner) étaient très rarement appréciées.
J’ai ainsi élaboré le concept de « conscience curriculaire » afin de rendre compte de l’état de la conscience de l’apprenant, des enjeux et des attendus (scolaires/sociaux).
J’ai pu mobiliser ce concept pour contribuer aux recherches liées à l’éducation au développement durable (EDD) et la conscience des enjeux de l’environnement.
Rapport à la norme sociale : analyse de la matrice
Malgré tous ces travaux, toutes ces recherches, ma curiosité n’était pas rassasiée et mon décalage social n’était pas compréhensible. J’ai cherché du côté de l’anthropologie pour comprendre la nature de l’homme et les principes ontologiques qui le font émouvoir. Grâce au dispositif CIREDH (Centre Interdisciplinaire de Recherche et d’Étude sur le Devenir de l’Homme) que j’ai fondé, j’ai pu approcher une pluralité disciplinaires : psychologie, sciences politiques, histoire, droit publique, sciences du langage… qui m’ont apporté des éclairages divers et complémentaires sur cette problématique. Un essai est en cours de rédaction. Cette connaissance de l’homme, de ses motivations, a été extrêmement éclairante quant à la norme sociale, ce que je désigne par la Matrice. Elle expliquait en partie mon décalage en termes de valeurs et de conscience mais loin d’expliquer mon fonctionnement, et surtout mes états émotionnels.
Mes somatisations et recherches de causes/solutions
Touché par des maladies auto-immunes très graves, je me suis résigné à chercher la cause de mes maux. J’ai été accompagné par plusieurs thérapeutes. Chacun apportait des bribes d’éclairage mais ils étaient loin de répondre à mes décalages, mes tempêtes émotionnelles et mes souffrances. En 2009, j’ai découvert mon hypersensibilité. Aussitôt, je me suis attelé à répondre à mes frustrations béantes qui me terrassaient. Mis en convalescence, l’arrêt de travail a été une aubaine pour que je puisse me consacrer à moi-même. J’ai ainsi mobilisé toutes mes compétences académiques pour m’approprier les connaissances sur l’hypersensibilité, les appliquer et élaborer des techniques et des modèles d’accompagnement. J’ai pu ainsi me rétablir progressivement intérieurement et extérieurement.
Ma dernière mission dans le monde de l’entreprise
Afin d’achever mon parcours par la connaissance du monde l’entreprise, j’ai accepté la mission de structurer un groupe en pleine croissance en tant que Directeur Général. Par ailleurs, j’ai cumulé plusieurs fonctions, dont celle de DRH (Directeur des Ressources Humaines) et de Chef de Projet de Transformation Numérique.
Par ces responsabilités, j’ai pu approcher de très près le monde industriel et celui de l’agroalimentaire.
Dans ce cadre, j’ai pu observer de très près les façons de manager les hommes, de mobiliser les volontés mais également de les écraser, d’anéantir ou de pousser certains hommes à se vider de leur vitalité.
J’ai pu constater également comment la culture technologique pourrait impacter et aliéner des personnes et contribuer à augmenter leur frustration et le degré du stress.
J’ai pu ainsi mesurer l’ampleur de la somatisation qui guette les hommes et les femmes d’une société dont les pratiques n’intègrent pas suffisamment la nature humaine. Cette expérience a confirmé mes travaux sur la nature de l’homme et a été un indicateur du dysfonctionnement de ce paradigme.